SAINT-GINGOLPH
Le village de Saint-Gingolph,
partagé entre France (Département de la Haute-Savoie) et Suisse (Canton du
Valais), porte le nom d’un saint bourguignon également connu sous les noms de
Gengoul ou Gangolf. Natif de Varennes-sur-Amance (Haute-Marne) il fit partie de l’armée du Roi
des Francs, Pépin, descendue en Italie pour aider le Pape Etienne II contre les
Lombards (entre 754 et 756). Une tradition ancienne raconte qu’à son retour il
aurait habité un ermitage sur les lieux qui auraient ensuite porté son nom.
Le village appartint d’abord
à l’abbaye de Saint-Martin d’Ainay près de Lyon et ensuite, vraisemblablement
avant 1204, passa à l’abbaye d’Abondance. Le territoire où l’abbaye avait
juridiction s’étendait de Le Bouveret (appelé alors Eydiez) jusqu’au torrent du
hameau dit Locum. L’invasion de la Savoie par les bernois, alliés des genevois,
d’un coté et les valaisans de l’autre,
ne changea rien aux limites des territoires. Le Traité de Thonon (1569), par
lequel le duc de Savoie Emmanuel-Philibert recouvrait une partie de ses
possessions, mit fin à l’unité territoriale du village qui se trouva partagé en
deux, la rivière Morge étant la frontière. Au partage communal s’ajouta aussi
celui de la seigneurie : la rive droite partie de la Morge resta dans le
giron de l’abbaye d’Abondance, tandis que la gauche échut à des seigneurs
laïques : d’abord les Dunant de Grilly, ensuite les Riedmatten.
La Révolution Française et
l’invasion de la Savoie (1798), puis la proclamation de la République du
Valais supprimèrent les seigneuries des
deux cotés.
Sous le Premier Empire,
Saint-Gingolph appartint aux départements limitrophes du Léman et du
Simplon qui substitua la République du Valais.
Le Congrès de Vienne (1814)
attribua la partie du village sur la rive droite au Royaume de Sardaigne,
tandis que celle à sur la rive gauche de la Morge retourna au Valais, annexé
par la Confédération Helvétique.
La Savoie fut ultérieurement
annexée à la France, conséquence des décisions prises à Plombières et au Traité
de Turin en 1860.
Saint Gingolph n’eut pas à
subir les conséquences de la Guerre de 1914-1918, en revanche celles de la
Seconde Guerre furent plus dramatiques, car la partie française fut incendiée
par les nazis et six otages furent assassinés.
A voir, à visiter…
Le Château, sur la partie suisse du village, a été édifié au XVe
siècle par les Tornéry, vendu ensuite aux Riedmatten et aux Derivaz, pour être
finalement acheté par la bourgeoisie [1]de
Saint Gingolph vers 1900. Classé Monument Historique depuis 1907-1910 et
restauré à plusieurs reprises (en 1930, 1960 et 1980) il abrite la Salle des Sociétés dont le
plafond est constitué de poutres datant de 1576-1577 et la Salle du
Billard (restaurée en 1994) avec ses boiseries de1660. Aujourd’hui c’est le
siège de la Commune[2] et du Musée des Traditions,
qui présente objets et documents sur
différentes embarcations de transport utilisées sur le Léman, dont la cochère.
C’est à Saint-Gingolph que se trouvait le principal chantier de construction de
ce type de barques. Le musée évoque également les différentes activités du
village au temps de ce type de navigation et 33 maquettes sont exposées dans
deux salles.
Accolée au château. la maison Derivaz, du nom du châtelain
des Riedmatten, seigneurs de Saint Gingolph,
dont la construction remonte au XVIIIe siècle, conserve en
partie ses boiseries d’origine. Elle fut utilisée dès la fin du XIXe
pour l’enseignement primaire et abrite également une partie du Musée des
Traditions.
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| Le château (photo de l'auteur du blog) |
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| La Salle du Billard (photo de l'auteur du blog) |
La Chapelle de la Sainte Famille, bâtie en 1677 (sauf le clocheton qui
date de 1844) à la demande de Jacques de Riedmatten est classée Monument
Historique depuis 1910, elle abrite un maître-autel probablement contemporain
de la construction de la chapelle et également deux tableaux représentant une Crucifixion et une Sainte Cène tous deux du début du XVIIIe siècle.
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| La façade de la Chapelle de la Sainte Famille (photo de l'auteur du blog) |
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| Intérieur de la chapelle (photo de l'auteur du blog) |
L’église paroissiale, bâtie après 1770 sur la partie française du
village a subi des modifications dans les années 1930, 1950 et 1999-2000. Une copie de la célèbre Vierge au manteau de Ravensburg trône dans le narthex. L’intérieur
abrite un maître-autel reconstruit au début du XIXe siècle (celui
d’origine ne semble pas avoir survécu à la période révolutionnaire) avec un Saint-Gingolph du XIXe
siècle, attribué au peintre Chapelet. L’autel de Saint André (côté droit), orné d’un tableau représentant le saint,
dont l’auteur est le même Chapelet, est l’unique témoin du mobilier d’origine.
L’autel du Rosaire, entièrement
restauré au début des années 1930, est décoré d’un tableau attribué au peintre,
restaurateur et archéologue cantonal Morand qui était responsable des travaux de restauration du château à la même période.
L’église
possède également une statue de la Vierge, d’un maître inconnu, datant du milieu du XIXe
siècle et le Crucifix de l’arc de chœur, d’un artiste inconnu du milieu du XXe.
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| L'église de Saint-Gingolph (photo de l'auteur du blog) |
Á l’entrée du village, en
venant de Le Bouveret, on remarque la
villa des Serves, construite au XIXe siècle pour Pierre Duchoud, un habitant de Saint Gingolph qui
fit fortune à Paris ; elle fut ensuite acquise par un anglais, A. Lewis,
qui la transforma en pension. Le style de l’édifice est varié et rappelle le
Moyen-Âge, mais également le classicisme
Dans la partie française de
Saint-Gingolph commence la Via Rhôna,
itinéraire cyclable qui, en 815 km, mène
jusqu’à la Méditerranée.
Á proximité se trouve le
hameau de Brêt qui, selon une
ancienne tradition, serait le lieu fut érigé le premier édifice religieux.
[1] Selon le Dictionnaire Historique de la Suisse, la bourgeoisie est une « Collectivité de droit public, la bourgeoisie (ou commune bourgeoise) regroupe les détenteurs du Droit de cité d'une localité. Elle est généralement propriétaire de biens qu'elle administre elle-même pour autant qu'une Corporation bourgeoisiale ou d'autres corps n'en soient pas chargés »
[2] Terme employé dans le Canton du Valais pour désigner une Mairie






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