VEVEY

La découverte d’une station littorale au lieu-dit Creux de Plan permet de dater du Néolithique les premières traces de présence humaine sur le site de Vevey. En 1901, d’autres fouilles menées à proximité de l’église Saint Martin ont mis à jour les vestiges d’un habitat de l’âge du Fer.
L’origine du nom de Vevey est débattue. Certains auteurs pensent que l’étymologie se réfère soit à une tribu celte, Vivisci, soit au patronyme d’un Celte, mais d’autres font référence au castor, bebr ou bebros, car Vevey fut orthographiée autrefois  Bibiscon ou Bibiscum. D’autres encore pensent que le nom de la ville tire ses origines de la rivière, la Veveyse, dont le nom voudrait dire « la rivière double ».
Vevey se développa à l’époque romaine grâce à sa position,  se trouvant au croisement des routes de Lausanne et d’Avenches. Dans l’atlas « Géographie »,  Ptolomée mentionne pour la première fois Vevey sous le nom d’Ouikos. D’autres auteurs comme Antonin, la mentionnent également. Le bourg, ou vicus, connut plusieurs phases de construction entre le Ier et la seconde moitié du IVe siècle. Dès la fin du IVe siècle, l’agglomération fut progressivement abandonnée, mais ses habitants ne partirent pas, comme le démontre la découverte d’un habitat datant des Ve-VIIe siècles situé sous l’église Saint. Martin.  
Le noyau de Vevey au XIe siècle se composait des bourgs de Le Vieux-Mazel et d’Oron. Le premier bourg fut fondé par la famille Blonay qui avait reçu les terres de l’évêque de Lausanne. Aux alentours, les possessions appartenaient aux évêques de Sion, de Lausanne et à l’abbaye de Saint-Maurice. 
Les seigneurs de Faucigny reçurent l’avouerie de Vevey par l’évêque de Sion et la cédèrent ensuite à Rodolphe III de Gruyère. Ce dernier vendit l’avouerie à Pierre II de Savoie en 1257. Le comte de Savoie la confia finalement à la famille de Blonay. La famille étendit ses possessions en créant les bourgs de Blonay et de Bottoens. Les sires d’Oron, qui avaient reçu la mayorie étendirent leur domination vers l’ouest et fondèrent le bourg franc (1238-1241), qu’ils dotèrent de franchises, ainsi que les bourgs de Villeneuve, de Le Marche et de Le Sauveur.
Amédée VI de Savoie accorda une charte de franchises à Vevey en 1370 ; le châtelain de La Tour-de-Peilz reçut l’avouerie et la mayorie. Les différents bourgs faisaient partie du bailliage du Chablais administré par un Conseil des Douze et un Rière-Conseil de 60 membres. Les franchises d’Amédée VI furent confirmées par Amédée VIII.  
Des difficultés financières contraignirent Louis Ier de Savoie à donner Vevey et La Tour de-Peilz en gage à Fribourg et Berne. Vevey fut pillée et même incendiée à plusieurs reprises pendant les guerres de Bourgogne.
Avant l’invasion bernoise, Vevey était partagée entre François de Luxembourg-Martigues et Charles de Châtelard.
Á la conquête du pays par les bernois (1536), la ville fut matière à dispute entre Fribourg et Berne, la première voulant obtenir un port sur le Léman. Ce furent les bernois qui, finalement, eurent gain de cause. Les nouveaux maîtres du territoire créèrent le bailliage de Chillon.  L’église Saint-Martin, dont les origines remontent au XIIe siècle et qui avait été rebâtie en 1496, fut transformée en temple.  Le couvent des clarisses, fondé par Amédée VIII en 1422, fut sécularisé et l’église conventuelle devint également un temple.
La gouvernance de la ville fut complétée par un Conseil des Trente et l’assemblée des bourgeois fut remplacée par un Conseil des Cent-Vingt. En 1710, les autorités communales s’installèrent dans un nouvel édifice : la maison de la ville.
Au cours du XVIIe et du XVIIIe siècle, Vevey connut un certain développement comme ville de transit et des nouvelles activités (chapellerie, tannerie, horlogerie…) apparaissent avec l’arrivée de réfugiés français.
En 1798, Vevey devient le chef-lieu du district homonyme qui perdurera jusqu’ en 2006.  En 1799 la nouvelle municipalité est élue qui remplace le Conseil des Douze. Pendant la période révolutionnaire eut lieu la première Fête des vignerons.
Vevey se développa davantage au XIXe siècle, l’enceinte ayant disparu et les portes étant partiellement démolies à cause de différents incendies et inondations.
La halle aux grains fut édifiée en 1808, le casino en 1830, le château de l’Aile en 1840 et le théâtre en 1868. Entre 1853 et 1873 on construit les débarcadères et le chemin de fer arrive en 1862. Le développement des voies de communication favorisa l’implantation de nombreux hôtels et pensions entre 1842 et 1868.
L’industrie alimentaire se développa grâce au chocolat.  La première chocolaterie suisse est  fondée à Corsier-sur-Vevey par Cailler en 1819. La firme, devenue Peter-Cailler-Kohler SA fusionna en 1929 avec Nestlé.
En 1842 naquirent les Ateliers de constructions mécaniques spécialisés dans la fabrication de turbines. Parallèlement à l’essor industriel diverses banques se créent telles que la Caisse d’Epargne ou s’implantent comme la succursale de la Banque cantonale vaudoise (1850).
Vevey, qui était autrefois une ville d’agriculture et surtout de viticulture, se mua en ville industrielle, touristique et commerciale, même si la crise de 1990 provoqua la fermeture de plusieurs entreprises locales.
Entre le XIXe et le XXe siècle la ville connut également un développement culturel avec la création du Musée Jenisch (1897), le Musée suisse de l’appareil photographique (1979) ou encore le Cabinet des estampes (1989). 

A voir, à visiter…

Le Musée Jenisch porte le nom de la sénatrice Fanny Jenisch qui légua une somme de 200.000 francs suisses pour la construction d’un musée pouvant héberger des collections scientifiques, artistiques et une bibliothèque sur un terrain fourni par la ville. En 1893, après bien des vicissitudes, le bâtiment de style néo-renaissance sortit du sol, la commune en prit possession en 1895 avant de l’aménager selon les vœux de la bienfaitrice; on ajouta un auditorium au sous-sol.   
La construction de l’Hôtel de Ville de style classique s’échelonna entre 1702 et 1710, à l’emplacement de l’ancienne Maison de Ville. Á l’intérieur se trouvent une horloge de 1709, ainsi que la chaise de banneret de 1649. L’escalier en pierre de Saint-Triphon est à balustrade en fer forgé.
Contre l’édifice se trouve la Tour Saint-Jean qui surmontait le chœur de l’ancienne chapelle de l’hôpital, aujourd’hui disparue. La tour fut restaurée après une incendie qui en détruisit les parties hautes. La toiture à clocheton abrite deux cloches de 1731  
Le château de l’Aile, construit entre 1840 et 1846, sur l’emplacement d’un château du XVIIe siècle. Ce dernier se dressait à la place des anciennes halles démolies en 1680 en même temps  qu’une auberge.
La transformation radicale de l’édifice est due à Jacques-Edouard Couvreu, descendant du propriétaire du premier château. Le bâtiment de style néogothique se remarque par ses façades sculptées et plafonds peints. Racheté par la ville en 1988, le château de l’Aile fut finalement vendu à un homme d’affaire allemand qui le transforma en résidence de luxe.

Le Château de l'Aile (photo de l'auteur du blog)

L’église réformée, anciennement église Saint Martin, remonte au Moyen Âge. Le chœur de style gothique du XIIIe-XIVe siècle remplaça le chœur roman du XIIe. Le clocher fut édifié entre 1497 et 1511 et la nef reconstruite en gothique flamboyant en 1522-1533.
En 1896-1897, le chœur fit l’objet d’une réfection et on ajouta un porche néogothique au sud ; une sacristie fut également ajoutée au nord de l’édifice. 

L'extérieur du temple 

L'intérieur du temple (ancienne église St. Martin, photo de l'auteur du blog)

La place du marché (photo de l'auteur du blog)


















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