EVIAN-LES-BAINS

L’Histoire de la fondation d’Évian-Les-Bains, commune de Haute-Savoie sise sur la rive sud du Léman, est encore débattue car la ville n’apparaît sur aucun document antérieur au XIIe siècle.
Les environs d’Evian Les débuts de l’occupation humaine dans la région se situent vers 3000 ans av. J.C ; les alentours manquent de traces mésolithiques et néolithiques en l’état de connaissances actuelles.
Le nom même de la ville est sujet à débat : selon certains auteurs l’origine du toponyme retrouvés dans les documents du Moyen-Age dériverait du celte ewa, « eau », ou encore de la forme bas latine aquianu, selon d’autres il serait plutôt d’origine burgonde, car le suffixe an serait une terminaison locative (evi étant probablement le nom d’un homme).
Jusqu’à présent aucun vestige de l’époque gallo-romaine n’a pas été trouvé mais, probablement, les environs subirent, comme du reste tous les villages et les villes de la région, les invasions destructrices conséquentes à l’effondrement de l’Empire Romain.
L’historien Valois, cité dans un ouvrage de Ménabréa, affirma que la ville d’Epaone qui fut le siège du concile des évêques en 517, après la conversion de l’empereur  burgonde Sigismond au catholicisme, était en réalité Évian, mais pour d’autres auteurs il pourrait s’agir de Yenne  en Savoie ou encore d’Albon, dans la Drôme.
C’est en 1150 qu’un document mentionna le nom d’Évian pour la première fois, sous la forme latinisée Aquianum, nom variant au cours de l’histoire en Aquianum, Aiviano, Ayviens, Vians ou encore Eyviens.
Évian sortit de son anonymat avec la dynastie des Savoie. Amédée IV commença l’édification du château (1247) qui devint la résidence des comtes de Savoie ; Pierre II concéda à la cité une charte des franchises qui étaient aussi un code de justice. L’acte établi en 1265 créa également une foire.
Le frère de Pierre, Philippe I compléta la charte en accordant le « droit d’élire quatre prud’hommes » (Girod, 1993).
Amédée V en 1285 donna à Évian les bois de Brêt, avec des droits d’exploitation, ce qui engendra des conflits avec Lugrin, Meillerie et Saint Gingolph. La ville commença à s’étendre avec la naissance du nouveau quartier de La Touvière.
Sous Amédée VIII, premier duc des Savoie, Évian connut une nouvelle expansion ; le duc embellit le château familial et aménagea l’intérieur d’une tour pour y installer une bibliothèque.
Devenu antipape sous le nom de Félix V, puis cardinal après avoir reconnu le pontife élu par Rome, Amédée quitta Évian pour le château de Ripaille (près de Thonon).
Les successeurs d’Amédée VIII préférèrent installer leur cour à Ripaille et à Thonon, ville qui supplanta peu à peu Évian.
En 1536 la ville passa sous domination valaisanne et le resta jusqu’en 1569, quand le duc Emmanuel-Philibert recouvra une partie des états de Savoie.
Entre la fin du XVIe et la fin du XVIIIe siècle, la ville subit diverses invasions : celle de 1591 par l’armée franco-genevoise fut particulièrement destructrice, le château fut démantelé en grande partie et la région mise plusieurs fois à sac.
En 1715 et 1725, la ville accueillit Victor-Amédée II, roi de Sicile, avant d’être obligé de changer ce titre en roi de Sardaigne.
En 1792, le duché fut envahi par l’armée française révolutionnaire. Évian fit partie du département du Léman, nouvellement créé, dont le chef-lieu était Genève. 
En 1814, avec l’effondrement de l’empire, le Chablais retourna au roi de Sardaigne, mais l’intermède des Cent Jours stoppa momentanément ce processus; Évian fut occupée par l’armée de Dessaix jusqu’à l’arrivée des autrichiens.
Vers la fin du XIXe siècle, Évian connut un nouvel essor avec le thermalisme. Au XVIIe siècle, les « eaux d’Évian », ou plutôt celles d’Amphion, appelée à l’époque Chataigneraie étaient déjà citées. C’est le comte Jean-Charles de Laizer qui fit la renommée de la source Cachat d’Évian, dont les eaux le guérirent de calculs rénaux.
Les premières analyses de l’eau furent effectuées en 1807 et 1808. L’accès à Évian fut facilité par la création de la route qui reliait Paris à Milan et avec l’élargissement du Maupas (mauvais passage), un passage particulièrement resserré à l’entrée de Meillerie.
Le genevois Fauconnet fonda la Société des Eaux Minérales d’Évian après avoir acquis la source Cachat, du nom de la famille qui l’avait cédée, mais les différentes procédures et une fréquentation insuffisante l’amènent à se retirer de la société.
Avec le docteur Rieux, un de ses successeurs et auteur de l’étude sur « les eaux minérales alcalines d’Évian », la source Cachat gagna en renommée. Le « Grand Hôtel des Bains » (futur Hôtel Splendide) fut bâti en 1839 et d’autres le furent ensuite : Hôtel de France, Hôtel des Alpes,  Hôtel Royal…
La Société des Eaux Minérales d’Évian, fondée en 1844 grâce à des capitaux suisses succéda à la société de Fauconnet dissoute.
En 1860, le traité de Turin officialise le rattachement de la Savoie et du comté de Nice à la France. L’empereur Napoléon III vint à Évian au cours de la même année et autorisa le changement de nom de la commune en Évian-Les-Bains.
Le port d’Évian, achevé en 1864, est aménagé pour les passagers ; en 1882 la ville est desservie par le chemin de fer du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée).
En 1900 l’établissement thermal fut créé à proximité de la villa des frères Lumière et 11 ans plus tard la construction du casino commença à la place du château de Blonay donné à la ville en 1877 par le baron de Blonay.
Le thermalisme étant désormais à la mode, de nombreuses personnalités fréquentent Évian (l’Aga Khan, le président français Lebrun, Proust ou encore Mistral…). Le Tour de France cycliste y fit également halte à plusieurs reprises.
La Première Guerre stoppa partiellement cet élan. Évian accueillit les refugiés que les allemands avaient déplacés face à l’avancée française, le casino devint un centre d’accueil et les hôtels des hôpitaux.
En 1938, la ville fut le siège d’une conférence internationale initiée par le président américain Roosevelt et réunissant une trentaine de délégations à l’hôtel Royal pour traiter du sort des réfugiés juifs fuyant le régime nazi.
La Seconde Guerre Mondiale affecta Évian, puisque la ville subit d’abord l’occupation italienne puis allemande : l’hôtel Splendide fut transformé en hôpital militaire.  La résistance locale se forma assez rapidement pour cacher les persécutés des nazis et se militarisa davantage, l’occupation devenant plus dure.
Le 16 août 1944 Évian et le canton furent libérés par les FTPF. Parmi ceux qui ne revinrent pas de la déportation, Jean Léger, maire de la ville avant l’occupation, révoqué par les nazis, engagé dans la résistance et mort en déportation.
Á partir des années ‘50 le thermalisme devint moins important et la fréquentation baissa. De nombreux hôtels fermèrent et devinrent des copropriétés ; d’autres furent démolis après avoir été abandonnés (ce fut le cas du Splendide en 1983).
En 1962, la ville accepta d’héberger les représentants du Front de Libération Nationale algérien et ceux du gouvernement français, pour préparer l’indépendance de l’Algérie : ce seront les « accords d’Evian ». La venue des délégations fut cependant précédée par le tragique assassinat du maire évianais, Camille Blanc.
En 2003 Évian accueillit le sommet du G8.

A voir, à visiter…

La buvette de la Société Anonyme des Eaux Minérales d’Évian (SAEME) bâtie par l’architecte Hébrard (1903) à la place d’un établissement de bains construit par la société de Fauconnet en 1826. Auparavant sur le même terrain se trouvait l’église Sainte Catherine de la Touvière, démolie à la fin du XVIIIe siècle.
L’édifice est de style Art Nouveau, avec son entrée monumentale sur la rue Nationale. La charpente du grand hall est inscrite aux Monuments Historiques. Á l’intérieur se trouve une fontaine surmontée de la statue du sculpteur Beylard « Apothéose de la source Cachat » dont une copie se trouve à la source même.

La buvette Cacaht (photo de l'auteur du blog)


La nymphe des eaux (photo de l'auteur du blog)

L’église Notre-Dame de l’Assomption, dont la construction remonte au XIIIe siècle, fut agrandie en 1927-1930 et  une façade de style romano-byzantin fut placée à l’ouest qui renforça l’aspect roman extérieur. Le clocher serait antérieur à l’église car sa base est du XIe siècle. Il servit probablement de tour de défense. Le clocher était surmonté d’une flèche qui fut abattue à la Révolution en 1794. La lanterne qui l’orne est du XIXe siècle.
Le chœur de l’église présente des traces de décorations murales, avec notamment l’écu de Savoie. La grande fenêtre du chœur date du XIVe siècle, les vitraux du XIXe.
L’église abrita, dès 1829, le tableau de Notre-Dame-de-Grâce d’Orbe donnée aux Clarisses en 1493 par la Bienheureuse Louise de Savoie. Les stalles sont de 1834-1847 et ont remplacé celles du XVe siècle.

Intérieur de l'église Notre-Dame de l'Assomption (photo de l'auteur du blog)

L’ancien établissement thermal, aujourd’hui « Palais Lumière », conçu par l’architecte Brunnarius et inauguré en 1902 est de dimensions imposantes et surmonté d’un dôme de plus de 30m de haut. La façade est partiellement habillée de faïence et, sous le porche, deux toiles de Benderly illustrent le thème de l’eau. Inscrit aux Monuments Historiques et rénové entre 2004 et 2006 il abrite une médiathèque, des salles d’exposition et un centre des congrès. 

La façade du Palais Lumière (photo de l'auteur du blog)

La « Villa Lumière», de style néo-classique, fut acquise, inachevée, par Antoine Lumière en 1896 et passa à ses héritiers Louis et Auguste, inventeurs du cinéma. La porte d’entrée monumentale est ornée de bas reliefs en bronze et encadrée par deux atlantes, répliques de ceux se trouvant à la mairie de Toulon et sculptés par Pierre Puget. 
Classée à l’Inventaire des Monuments Historiques, la villa est, depuis 1927, l’Hôtel de Ville d’Évian.   

L'ancienne Villa Lumière, actuel siège de la Mairie (photo de l'auteur du blog)

Le théâtre, bâti en 1883-1885 par l’architecte Clerc (qui fut l’élève de Charles Garnier, maître d’œuvre de l’Opéra de Paris), est de style néo-classique avec des pilastres cannelés; l’intérieur conserve le décor polychrome exécuté par Negri à la fin du XIXe siècle. Classé Monument Historique.

Le théâtre (photo de l'auteur du blog) 

Le casino est situé dans l’ancien château de Blonay dont on peut observer le coté droit avec une tourelle. Sa conception est due à l’architecte Hébrard. Une coupole évoquant le style « byzantin » recouvre l’édifice.

Le seul vestige de l'ancien château de Blonay avec sa tourelle (photo de l'auteur du blog)

L’ancien hôpital était, à l’origine, la maison de Mlle Grenat, qui la donna en 1355 à l’institution naissante. Encouragé par les comtes de Savoie et la papauté, l’hôpital évianais recevait des dons pour soigner les malades et accueillir des pèlerins de passage. Restauré à plusieurs reprises (dont la dernière entre 1863 et 1867 par Viollet-le-Duc), sa façade présente des ouvertures en ogive et des fenêtres à meneaux. L’édifice devint ensuite l’Hôtel de Ville du milieu du XIXe siècle à 1927. Actuellement des services municipaux y sont installés.

L'ancien hôpital (photo de l'auteur du blog)

Curiosité : le château où résidèrent les comtes et ducs de Savoie subit des graves dégâts en 1591 à la suite de l’invasion de l’armée franco-genevoise.  Ce qui en restait a été démoli  au cours des siècles suivants.
De nos jours, le seul vestige encore visible est le donjon, découronné et surmonté d’un toit conique, adossé contre une maison particulière, au sud de la rue Nationale .





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